Si le contact avec la nature est à la source de pratiques thérapeutiques millénaires, c’est depuis trois décennies seulement que des études scientifiques nous aident à comprendre ses bénéfices sur la santé physique et psychique humaine.
L’une des premières est celle de Roger Ulrich, qui montre en 1984 comment des malades ayant vue sur la nature guérissent plus vite des suites d’une opération chirurgicale. Depuis, des centaines d’études ont approfondi les propriétés thérapeutiques du contact avec les éléments naturels, quantifiant par exemple la baisse du stress, l’amélioration du sommeil ou de l’immunité…
Mais par delà ces effets bénéfiques sur notre corps et notre psyché, c’est du mouvement de l’écopsychologie que sont issues les écothérapies, dont l’écopsychothérapie fait partie. Tous ces noms semblent proches, on peut se sentir un peu perdu ! Mais ils désignent des pratiques précises et bien différentes, que voici :
– L’écopsychologie
est née du dialogue entre des psychologues et des écologues, ainsi que des ONGs, des anthropologues et des sociologues, notamment dans les années 1990 sur la côte ouest des Etats-Unis. Ces spécialistes cherchaient à étudier ensemble les causes de la perte de connexion entre les humains des civilisations industrielles et le monde vivant. Ayant montré les dégâts causés par cette perte de lien (stress, souffrance corporelle et psychique, destructions des écosystèmes naturels), ils ont cherché à créer des dispositifs favorisant une reconnexion. Le philosophe norvégien Arne Naess et le philosophe américain Theodore Roszak ont joué un rôle fondateur dans cette recherche. La psychologue américaine Joanna Macy a également apporté une contribution importante avec la création de son « Travail qui relie ». Les objectifs de l’écopsychologie sont : comprendre les causes psychologiques de la crise écologique contemporaine, apprendre à renouer sainement avec la nature, initier des pratiques écothérapeutiques visant à se soigner à son contact.
– Les écothérapies
sont des applications concrètes de l’écopsychologie. Chacune tire parti d’une pratique particulière (le jardinage, l’équitation, la promenade en forêt…) pour en faire un outil dans le processus de soin d’un patient. Ici il s’agit de prendre soin de la personne qui fait une demande thérapeutique, au moyen du contact avec des éléments naturels dans un dispositif précis. Par exemple, jardiner peut permettre de remobiliser son corps, de créer de la vie, de vivre du plaisir dans un lien aux humains et à la nature. Chaque écothérapie a son nom : au jardin c’est l’hortithérapie, avec le cheval c’est l’équithérapie, en forêt c’est le bain de forêt ou Shinrin Yoku…
– Enfin, l’écopsychothérapie
fait partie de la famille des écothérapies : elle a pour objet le soin psychique du patient qui fait une demande d’accompagnement. Elle s’appuie dans un premier temps sur la relation humaine spécifique qu’est la relation psychothérapeutique : le praticien en écopsychothérapie est un professionnel du soin psychique qui a effectué une formation approfondie dans une méthode de psychothérapie. Dans un deuxième temps cette approche s’appuie sur le contact avec des espaces naturels comme moyen de mieux sentir son corps, de découvrir son monde intérieur, de se relier à l’autre et d’aller vivre du contentement avec le monde. Le paysage naturel peut jouer le rôle d’un écran où projeter son monde intérieur, mais aussi d’un partenaire d’interactions stimulantes. L’écopsychothérapie peut se dérouler dans une alternance entre séances au cabinet et séances en espace naturel.
Yann Desbrosse
Thérapeute en Analyse psycho organique, écopsychothérapie et EMDR
Superviseur et Formateur